Cher Destin

Publié le par Je veux être maîtresse

[Je dédie cet article à une belle personne qui ne doit pas perdre espoir...Rien n'est dû au hasard ;-) ]

 

Cher destin,

 

Je ne sais pas trop par où commencer…Tu m’as fait attendre sept ans pour connaître enfin le plaisir de pouvoir exercer ce métier qui me passionne, comme il se doit. Mais aujourd’hui je dois reconnaître que ça valait le coup d’attendre. Oui, je le reconnais. Cela peut t’étonner car en sept ans tu as dû beaucoup entendre mes complaintes.

Tu sais, cela n’a pas toujours été facile.

 

Jeune femme de 22 ans tout juste lauréate du concours, j’arrivais dans le monde de l’Education Nationale, pleine d’espoirs et d’illusions. La fleur au fusil comme dirait l’autre ! Même si les « anciens » me disaient qu’il allait falloir m’armer de patience, je t’avoue que j’ai reçu une jolie claque, le jour où j’ai appris que j’allais être « brigade », un joli mot pour dire « remplaçante »…tout ça parce que j’avais eu le concours « trop » jeune et que j’étais sans enfants... ! Pas assez de points pour avoir mieux.

J’ai fait mes armes. Cela m’a valu quelques insomnies quand tu m’as fait aller à quelques 80 kilomètres de chez moi pour assurer la continuité du service public. Quand parfois je me retrouvais face à des collègues qui ne m’adressaient pas la parole car je n’étais que de passage, quand souvent j’avais l’impression de ne pas être prise au sérieux. « Enseignante » dans le cœur et dans l’âme, mais « maîtresse de personne » dans la réalité.

Alors j’ai changé. Je me suis mis un coup de pied au derrière, j’ai séché mes larmes et mis mes angoisses de côté au profit de larges sourires et d’une habile poigne. J’ai voulu changer les règles du jeu pour ne plus subir…ne plus te subir toi cher Destin qui avait déjà tout calculé.

 

Sept années durant lesquelles j’ai (malgré tout) beaucoup appris mais aussi beaucoup reçu. J’ai pu rencontrer des personnes admirables et certaines sont devenues des amies, aujourd’hui indispensables à ma vie.

Des personnes de tout bord, de tout âge, de toutes les couleurs. Je sais ce que tu es en train de penser, crois-tu vraiment que je pourrais oublier une seule seconde tous ces enfants que j’ai côtoyés ? Ils m’ont tout appris : la patience, la tolérance, l’art de l’enseigner entre autre…

Je m’étais presque fait une raison. Je t’avoue que j’avais parfois imaginé ce que ça pouvait faire d’avoir sa propre classe. Mais j’avais presque fini par ne plus y croire.

 

Et pourtant tu avais tout prévu !

Oui Destin, je sais qu’en 30 ans tu ne m’as presque jamais déçue. Mais là je dois dire que tu as fait très fort ! Je t’en ai voulu quand il y a cinq ans, tu m’as fait quitter cette classe de petite section que j’adorais. Je n’ai pas compris ce que tu attendais de moi à ce moment là. Je m’étais attachée à ces élèves que je voyais grandir, tu m’avais donné l’illusion d’être enfin une enseignante à part entière.

Et aujourd’hui, voilà que je les retrouve, dans ma propre classe, cinq ans plus tard. Maintenant je sais. Je sais que rien n’est dû au hasard.

Toutes ces larmes, cette amertume, ces désillusions ne sont plus rien. Maintenant place à la joie d’exercer enfin ce métier comme je l’entends.

 

Alors mon cher Destin il est temps de te dire au revoir. Je ne me risquerai pas à te demander ce que tu me réserves. Je me contenterai juste de te dire MERCI.

 

A bientôt pour de nouvelles aventures.

 

 

 

Cher Destin

Publié dans Billets d'humeur

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L
Très belle prose qui redonne la pitch!
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